Plus de 6000 Cambodgiens ont visité les CETC grâce à un bénévole

M. Kham Lun, 69 ans, survivant du régime Khmer rouge, est bien connu parmi les villageois de sa province natale de Siem Reap. Depuis 2009, il s’emploie à diffuser l’information relative aux CETC et il a aidé à amener plus de 6 000 visiteurs au Tribunal.

« Je suis fier d’avoir servi ma nation et mon peuple », a déclaré M. Kham Lun, qui est un ancien fonctionnaire et membre d’ONG. « Je ressens le besoin de faire connaître aux gens l’endroit où se déroulent les procès de sorte qu’ils puissent suivre les débats en personne ; c’est la raison pour laquelle j’y ai volontairement consacré toutes mes forces et mon temps ».

Dans le cadre de cette sensibilisation, M. Kham Lun Informe les villageois des visites d’études organisées par les CETC à l’occasion desquelles des groupes de villageois viennent à Phnom Penh pour se rendre au Musée du génocide de Tuol Sleng, aux champs de la mort de Choeung Ek et aux audiences des CETC. Les villageois sont heureux de participer à ces visites, a dit M. Kham Lun, car ils peuvent voir la ville de Phnom Penh quand ils viennent assister à une audience. Au cours de certaines visites, des cérémonies religieuses ont lieu aux champs de la mort pour commémorer la disparition des victimes des Khmers rouges. Ainsi, durant la dernière visite, a confié M. Kham Lun, 79 moines ont été invités à la cérémonie bouddhiste de Bang Skaul à Choeung Ek.  (NdT : Bang Skaul est une cérémonie religieuse bouddhiste durant laquelle les moines formulent des bénédictions pour les âmes des défunts. Au Cambodge, la cérémonie de Bang Skaul a pour vocation de protéger les âmes des défunts après la mort et de les aider à se réincarner.)

M. Kham Lun a dit qu’il essayait surtout d’éduquer les jeunes de sa province au sujet des procès intentés aux anciens dirigeants Khmers rouges et de ce qui s’est passé sous ce régime puisqu’ils n’en ont rien vu. « Je souhaite que les plus jeunes générations, qui peuvent voir qui se trouve dans le box des accusés, ne choisissent jamais de faire ce que [les Khmers rouges] ont fait si un jour ils deviennent dirigeants à leur tour », a déclaré M. Kham Lun.

On estime qu’au moins 1,7 million de personnes ont péri sous le régime khmer rouge en conséquence des exécutions, de la torture, de la famine, des maladies et des dures conditions de vie. Pendant le régime khmer rouge, M. Kham Lun a été soumis au travail forcé. Il a perdu cinq membres de sa famille sous le régime des Khmers rouges. Il a dit que le fait de suivre la procédure engagée devant les CETC, dont les contre-interrogatoires dans le cadre des dossiers no 001 et n° 002, l’a beaucoup aidé à mieux comprendre ce qui s’était passé à cette époque.

Selon M. Kham Lun, plusieurs raisons l’incitent  ainsi que les villageois à venir aux CETC : « d’abord, nous voulons que le Tribunal et le personnel sachent que beaucoup de personnes soutiennent leur mission et désirent assister aux audiences. Ensuite, nous voulons suivre le procès des anciens dirigeants Khmers rouges pour voir s’il est bien mené comme nous l’avons espéré. Nous voulons donc suivre les procès pour voir si ce système judiciaire hybride peut conduire les procès à la satisfaction du peuple cambodgien ou à ma satisfaction ».

Jusqu’à présent, M. Kham Lun a dit que les procès menés par les CETC avaient conforté la confiance qu’il place dans cette juridiction. Et, a-t-il rajouté, il apprécie que des fonds aient été alloués pour amener aux CETC des visiteurs de tout le Cambodge pour faire le tour des Chambres et assister aux débats.

M. Kham Lun va continuer de diffuser l’information relative aux CETC auprès des villageois et d’œuvrer pour amener encore plus de visiteurs d’ici la fin des procès. « Mon engagement envers les CETC durera jusqu’à ce leurs travaux soient achevés », a-t-il dit. « Ce que je souhaite, c’est que justice soit rendue pour les victimes et ceux qui ont péri ».

Depuis 2009, plus de 120 000 personnes ont visité les CETC, venant de tout le Cambodge et du monde entier.