Les CETC organisent un forum public à Anlong Veng

« Les CETC ne jugent que les hauts dirigeants et les principaux responsables des crimes graves commis durant la période du Kampuchéa démocratique », selon un représentant des CETC « Les Chambres extraordinaires ont été créées pour traduire en justice les hauts dirigeants et les principaux responsables des crimes graves, commis durant la période du Kampuchéa démocratique, à savoir du 17 avril 1975 au 6 janvier 1979, uniquement. Les membres des familles, les amis et toute personne ayant servi les Khmers rouges ne seront pas poursuivis ». Tel est le message qu’a fait passer l’équipe des CETC, lors d’un forum public tenu le 5 juillet dernier, dans l’ancienne maison de Ta Mok, située dans le district d’Anlong Veng, province d’Oudor Meanchey. Ce message a été repris plusieurs fois par les orateurs invités, dont le Vice-Gouverneur de la province et les représentants de différents bureaux des CETC.

Ce forum visait à informer les habitants d’Anlong Veng du travail et des objectifs des CETC dans la recherche de la vérité et de la justice pour les Cambodgiens, à l’égard des crimes graves, commis durant le régime du Kampuchéa démocratique. Des représentants du Bureau des co-procureurs, de la Section d’appui aux victimes, de la Section d’appui à la défense et de la Section des relations publiques étaient présents en tant qu’orateurs. Environ 200 personnes, dont des moines bouddhiques, d’anciens membres des Khmers rouges, des militaires du rang et des officiers des forces armées cambodgiennes, ainsi que certains habitants, ont participé à cet évènement.


Anlong Veng est la dernière région que les Khmers rouges ont occupée, avant d’intégrer, début 1999, le Gouvernement royal du Cambodge. Des anciens membres des Khmers rouges, qui résident toujours à Anlong Veng, ont exprimé leur soutien envers le travail des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, tout en restant sceptiques sur les procès d’autres anciens khmers rouges, selon une information diffusée par une source non officielle, mais qui crée une évidente inquiétude chez certains anciens Khmers rouges.

Un participant a demandé aux orateurs s’il fallait mettre en place les dossiers 003 et 004, tandis qu’un autre participant a voulu savoir comment seraient appliquées les peines compte tenu de l’âge avancé des accusés. Une autre question a été soulevée sur la raison pour laquelle le tribunal khmer rouge n’avait pas été créé en 1979.

Âgé de 60 ans et ayant perdu sa jambe gauche alors qu’il était au service des Khmers rouges, M. SANN Roeung s’est levé et s’est adressé au public : « Je soutiens la création de ce tribunal pour juger les hauts dirigeants et les principaux responsables. Je souhaite qu’un jugement soit rendu le plus vite possible ». M. SANN Roeung a travaillé 40 ans au service des Khmers rouges. En 1972, à l’âge de 17 ans, il s’est engagé dans l’armée khmère rouge, car il était convaincu que la révolution servirait à fonder la liberté dans la société et l’égalité des classes. Il n’a au contraire rien tiré d’autre, de la révolution, que sa souffrance et son handicap. Il a affirmé : « J’ai servi les Khmers rouges pendant 40 ans, en participant à la lutte des classes. Mais finalement, je me retrouve avec une jambe handicapée. D’ailleurs, puisque j’ai vécu sous le régime des Khmers rouges, je sais que la vie y était très douloureuse. Alors, je voudrais que la justice soit rendue pour que les générations futures soient informées et qu’elles ne l’imitent pas. Il est trop tard pour notre génération, mais pas pour celles à venir. C’est pourquoi il ne faut pas refaire la même chose ».

C’est la première fois que les CETC organisaient un tel forum dans le district d’Anlong Veng, dernière bastion des Khmers rouges avant leur renversement et leur intégration au Gouvernement royal du Cambodge. Certains habitants sont d’anciens soldats khmers rouges ou d’anciens supporters des Khmers rouges qui ont capitulé lorsqu’Anlong Veng a été occupé par les forces armées cambodgiennes. Il est important que les anciens soldats khmers rouges, à Anlong Veng ou dans d’autres régions du pays, soient bien conscients que les CETC poursuivent uniquement les hauts dirigeants et les principaux responsables des crimes graves, commis durant la période du
Kampuchéa démocratique, et non pas leurs familles ni ceux qui avaient des relations avec ces anciens dirigeants.

Âgé de 47 ans et soldat de la sous-division d’Anlong Veng, M. KHAM Rithy a déclaré : « À mon avis, c’est une bonne idée que le tribunal khmer rouge organise ce forum public à Anlong Veng, car il y a ici beaucoup d’anciens Khmers rouges. Ceux-ci comprendront certainement la problématique. Par ailleurs, il serait souhaitable que les CETC réorganisent ce genre de forum plusieurs fois, parce qu’une seule fois ne suffit pas. De mon côté, je voudrais avoir plus d’informations sur le tribunal et je voudrais que les jeunes de la nouvelle génération soient éduqués sur ce régime ».

La Section des relations publiques avait organisé un forum similaire dans la province de Pailin et le district de Samlaut, province de Battambang, où vivent beaucoup d’anciens Khmers rouges. En plus, dans le cadre de son travail d’information, la Section a offert la possibilité aux habitants de toutes ces régions, ainsi qu’à l’ensemble des Cambodgiens du pays, de pouvoir participer à un voyage d’étude et assister aux audiences sur place, aux CETC. À ce jour, près de 150 000 habitants venus de tout le Cambodge ont participé au voyage d’étude ou ont suivi les audiences sur place, aux CETC.