Case 002 Witnesses, experts and Civil Parties

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Mme NUON Narom

La partie civile Mme Nuon Narom, âgée de 59 ans a témoigné sur les conditions de vie sur le chantier du barrage du 1er Janvier. Elle a décrit comment elle et sa famille avaient été évacués de Phnom Penh, le 17 Avril 1975. Elle fut séparée de sa famille et plus tard elle fut envoyée à travailler à l'unité mobile du chantier du barrage du 1er Janvier en Janvier. Elle a déclaré qu'ils travaillaient "jour et nuit sans aucun repos" pour terminer le barrage avant la saison des pluies. Elle a décrit qu'ils ne recevaient pas assez de nourriture ou de l'eau propre. Elle a témoigné que les travailleurs étaient maltraités physiquement et mentalement. Elle a déclaré que les tueries ont pris fin en 1979 et qu'elle se sentait très chanceuse d'avoir survécu. 

[Version corrigée 2] Transcription - Dossier n° 002/02 – 1 septembre 2015
M. NHIP Horl

M. NHIP Horl, 63 ans est une partie civile de Battambang qui a témoigné sur la maniere dont il a fui son village après qu'il soit bombardé par des combattants américains en Avril 1975. Il a fourni des détails sur la façon dont il lui était demandé de récolter et charger les sacs de riz dans des camions malgré son faible état de santé. Il a mentionné qu'il fut finalement transféré à travailler sur le chantier du barrage de Trapeang Thma Dam en 1977 où il était chargé de transporter de la terre pour construire le barrage. Il a également parlé du trouble de stress post-traumatique dont il a souffert, de l'état de santé général des travailleurs, et des structures de travail sur le chantier.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 24 août 2015
M. CHHUY Huy

M. Chhuy Huy, âgé de 58 ans au moment de son témoignage est né dans le village de Thmey et travaillait dans la brigade mobile de secteur sur le chantier du barrage de Trapeang Thma Dam. Il a déclaré que son travail était de transporter de la terre, et que chaque travailleur devait transporter deux mètres cubes de terre par jour. Il a mentionné que les travailleurs travaillaient de 7 heures a 11 heures, observaient une pause et puis continuaient à travailler dans l'après-midi et parfois même dans la soirée. M. Huy a confirmé sa participation aux réunions dirigées par Ta Val afin de recevoir des conseils sur la meilleure façon d'organiser la structure de travail sur le chantier. Quant à l'état de santé sur le chantier, il a mentionné que près de quatre à vingt personnes seraient tombés malades à un moment donné. Il a également été interrogé sur les mariages forcés, la «maladie» qui a causé sa suspension temporaire de son poste sur le chantier, et les arrestations et les tueries qui auraient eu lieu.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 24 août 2015
LING Lrysov (YI Laisauv)

Mme LING Lrysov a décrit, du point de vue d'une ouvrière d'une unité mobile sur le chantier du barrage de Trapeang Thma, l'asservissement de milliers d'ouvriers sur le site, des provisions alimentaires insuffisantes, un logement inadéquat et insalubre et les maladies dont souffraient les ouvriers. Elle décrit également les arrestations, les meurtres et les disparitions de travailleurs, ainsi que les décès dus à la maladie et à la famine. Le témoin décrit également l'imposition de mariages forcés par les autorités du site.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 20 août 2015
Mr. TAK Boy

M. Tak Boy, agé de 61 ans était un ancien soldat de Lon Nol qui vivait dans le village de Trapeang Thma et était membre de l'unité mobile après 1975. M. Tak Boy a déclaré qu'il avait peur que son expérience soient révélée aux Khmers rouges; heureusement, il n'avait pas été requis de présenter sa biographie. Il a témoigné que les travailleurs n'étaient pas autorisés à dormir ou à manger suffisamment. Il a déclaré que l'eau était sale et que certaines personnes tombaient malades. Selon le témoin, les couples se mariaient lorsque les deux parties avaient accepté le mariage. Il a déclaré que parfois cinquante couples se mariaient à la fois. Le témoin a décrit que des familles entières de Vietnamiens et Cham avaient été arrêtés, et que les maris avaient été séparés de leurs familles.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 19 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 20 août 2015
M. CHHUM Seng

M. CHHUM Seng, agee de 61 était un ancien soldat de Lon Nol et un chef d'entreprise dans le chantier du barrage de Trapeang Thma durant le régime des Khmers rouges. Le témoin a décrit les arrestations des cadres de la zone Nord-Ouest et des anciens soldats de Lon Nol. En ce qui concerne les disparitions, M. Seng a déclaré que deux personnes avaient disparu de son unité et qu'il ne savait pas où et comment ils avaient disparu, car ils ne sont jamais revenus. Le témoin a déclaré qu'ils étaient surveillés pendant la nuit, et ceux qui parlaient contre l'Angkar étaient transférés dans une autre unité pour etre surveillés. Il a mentionné un proverbe qui dit "Même un poisson meurt si il parle trop" pour décrire la situation. Il a également expliqué que les travailleurs étaient forcés à se marier entre eux selon leurs biographies.

Transcription - Dossier n° 002/02 - 17 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 18 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 19 août 2015
M. CHHIT Yoeuk

M. Chhit Yoeuk, 67 décrit la hierachie de l'autorité dans le secteur 5 ainsi que les conditions sur le chantier du barrage de Trapaeng Thma. Il a déclaré qu'il avait été envoyé pour travailler sur le barrage en Avril ou Mai 1976 en tant qu'assistant au chef Ta Val. Il a témoigné qu'il avait peur d'être arrêté et tué si il a refusait de suivre les instructions. Il a également mentionné qu'il était nécéssaire pour les travailleurs d'atteindre le quota quotidien de transport de terre de deux mètres. M. Chhit Yoeuk décrit les maigres portions de nourriture et a déclaré que la moitié des travailleurs étaient émaciés. Il a témoigné que les enfants travaillaient également sur le chantier du barrage de Trapaeng Thma et qu'il était chargé de surveiller les travailleurs: "Celui qui s'opposait au régime serait reporté au régime." En outre, M. Chhit Yoeuk décrit les arrestations des cadres de la zone du Nord-Ouest et l'arrivée des cadres Zone Sud-Ouest.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 13 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 - 17 août 2015
M. LAT Suoy

 

M. LAT Suoy, 55 ans, était un soldat du 513ème bataillon du secteur 5. À partir de la fin de l’année 1976, il a travaillé comme garde sur le site de travail du barrage de Trapeang Thma, où il était placé sous les ordres de Ta Nak. Dans le cadre de sa déposition, le témoin a rapporté que l’on faisait subir des tests aux travailleurs qui prétendaient avoir des problèmes de vision la nuit. Il a aussi expliqué les modalités selon lesquelles les rations alimentaires étaient distribuées et déclaré qu’il n’y avait pas assez d’eau potable. De surcroît, le témoin a évoqué l’arrivée des cadres de la zone Sud-Ouest sur le site de travail du barrage de Trapeang Thma et leur prise en charge de la direction du barrage. LAT a également expliqué comment les soldats de la zone Nord-Ouest avaient commencé à transporter et à cacher des armes dans la jungle pour se défendre à l’arrivée des soldats de la zone Sud-Ouest. Selon le témoin, les conditions de travail de même que les conditions sanitaires sur le site étaient mauvaises.

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 11 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 12 août 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 13 août 2015
M. Kan Thorl

 

M. KAN Thorl, 57 ans, était le commandant adjoint d’un peloton sur le site de travail du barrage de Trapeang Thma. Il a commencé à travailler sur le site du barrage en février 1977. Avant cela, il avait appartenu à une unité mobile et était considéré comme une personne du peuple de base. Dans sa déposition, le témoin a déclaré qu’au début, il avait 100 personnes sous sa responsabilité mais que ce chiffre était tombé à 70 du fait que plusieurs personnes avaient été déplacées et que d’autres qui ne se sentaient pas bien avaient été emmenées à l’hôpital. KAN a déclaré qu’il y avait 15 000 travailleurs sur le site du barrage, la plupart en provenance du secteur 15. Le témoin a parlé des conditions de vie et de travail sur le barrage, ainsi que de la réduction des rations alimentaires lorsque les travailleurs ne réalisaient pas leur quota journalier de terre à creuser et à transporter. Il a aussi souligné l’absence de soins médicaux pour ceux qui tombaient malades. Il a également déclaré qu’il avait peur d’être emmené ailleurs et tué, comme il l’avait entendu dire d’autres personnes présentes sur le site de travail. Selon lui, tous les Vietnamiens que l’on avait retrouvés pendant la libération de Phnom Penh ont été emmenés et exécutés.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 10 août 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 11 août 2015
M.OM Chy

M. Om Chy, âgé de 62 ou 63 ans, dit avoir dirigé une unité mobile de 500 personnes sur le chantier du barrage du 1er janvier. Il a décrit les dures conditions de travail sur le site et affirmé que personne n'y avait travaillé de son plein gré. Selon Om Chy, les oisifs et les paresseux étaient envoyés en rééducation. Il a également déclaré que quiconque s'y opposait était considéré comme un ennemi. Om Chy a également déclaré avoir entendu dire que des personnes avaient été arrêtées et emmenées au centre de sécurité de Bagota. Il a dit que les personnes arrêtées ne réapparaissent jamais. Le témoin a déclaré qu'en 1977, il était prévu de procéder à une purge, mais qu'il n'était pas au village à ce moment-là. Le témoin a raconté qu'il avait été envoyé travailler dans une autre commune à 20 km du village où il travaillait auparavant. Il a rapporté que lorsqu'il est revenu au village, son voisin avait disparu. Il a également appris que 5 familles avaient été purgées. M. Chy a également indiqué que les mariages étaient arrangés selon les biographies des ouvriers.

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 30 juillet 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 30 juillet 2015
Mme. Khin Vat

 

Mme Khin Vat, 65 ans, a déclaré qu’elle a commencé à travailler sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang après la disparition de son mari pour liens supposés avec le Vietnam. Le témoin a déclaré qu’elle avait officiellement appartenu à la 502ème division, où elle avait sous son autorité l’unité des femmes qui était chargée de la garde des enfants et de cultiver la terre. Au cours de sa déposition, elle déclaré que, même les malades étaient obligés de travailler, évaluant entre 5 et 10 le nombre de personnes malades dans son unité chaque jour. Elle a aussi déclaré qu’à peu près 5 travailleurs mouraient chaque jour du surmenage et du paludisme. Elle a relaté la visite effectuée par une délégation chinoise sur le site de travail. Elle a aussi entendu dire que des hauts dirigeants avaient inspecté le site de travail. D’autres personnes sur le site de travail lui ont raconté que Khieu Samphan ˗ mieux connu sous le nom de « deuxième oncle [ou] oncle numéro deux » ˗ en particulier s’était rendu sur le chantier de construction de l’aéroport. Le témoin a raconté qu’elle s’était enfuie du site de construction de Kampong Chhnang en 1979. Elle pense qu’elle est arrivée sur le site au milieu de l’année 1978.

Transcription - Dossier n° 002/02 - 30 July 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 - 29 July 2015
M. OM Chy

 

M. Om Chy, qui a 62 ou 63 ans, a raconté qu’il avait dirigé une unité mobile de 500 personnes sur le site de travail du barrage du 1er Janvier. Il a décrit les difficiles conditions de travail sur le site et affirmé que personne n’y avait travaillé de son plein gré. D’après Om Chy, les personnes oisives et les fainéants étaient envoyés en rééducation. Il a aussi déclaré que quiconque s’opposait était considéré comme un ennemi. Om Chy a également déclaré qu’il avait entendu dire que des gens avaient été arrêtés et emmenés au centre de sécurité de Bagota. Il a précisé que les personnes arrêtées ne réapparaissaient jamais. Le témoin a déclaré qu’en 1977, il avait été prévu de procéder à une purge mais qu’il n’était pas au village à ce moment-là. Le témoin a relaté qu’il avait été envoyé travailler dans une autre commune à 20 km du village où il avait travaillé auparavant. Il a rapporté qu’à son retour au village, son voisin avait disparu. Il a aussi entendu dire que 5 familles avaient fait l’objet d’une purge. M. Chy a aussi indiqué que les mariages étaient arrangés selon les biographies des travailleurs.

Transcription - Dossier n° 002/02 - 30 July 2015
M. Mam Soeurm (HENG Samouth)

 

M. Soeurm, 59 ans, est né dans la province de Phnom Penh. Il a déposé au sujet de ce qu’il a vécu alors qu’il travaillait sur le site de construction du barrage de Trapeang Thma en 1977. Il y a travaillé en tant que membre d’une unité mobile rattachée au secteur 5. Il a déclaré qu’à cette époque, les gens étaient constamment surveillés. Il a dit qu’on lui avait raconté que des membres de son unité avaient été arrêtés apparemment sans raison. Le témoin a aussi déposé au sujet des conditions de travail sur le barrage ; il a décrit les quotas journaliers de terre que les travailleurs étaient supposés réaliser et les visites effectuées par des délégations d’observateurs étrangers sur le site de travail. Il a également parlé des rations alimentaires et des conditions d’hygiène sur le site de travail, qui étaient insuffisantes. Il a, par ailleurs, insisté sur l’absence de traitement médical sur le barrage. Enfin, il a parlé d’une unité de travail spéciale où les travailleurs qui ne réalisaient pas leur quota quotidien étaient envoyés. Dans cette unité, a expliqué le témoin, les conditions de travail étaient encore plus dures que dans les unités normales

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 28 juillet 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 - 29 July 2015
M. Sen Sophon

 

La partie civile, M. SEN Sophon, qui a 55 ans, a relaté les conditions dans lesquelles sa famille a été forcée à quitter Phnom Penh et transférée dans la province de Battambang. L’intéressé a déclaré à la Chambre qu’en 1967, il faisait partie d’un groupe de riziculteurs mais qu’en 1977, il a été envoyé travailler sur le site de travail du barrage de Trapeang Thma. Il a décrit les conditions de travail et de vie sur le site. Tous les travailleurs avaient un quota de travail minimum à accomplir qui était de 3 mètres cube de terre à creuser par jour. Il a ajouté que les travailleurs n’avaient pas de temps de repos ou de vacances. Il a rapporté que la nourriture et l’eau étaient rares. Le témoin a déclaré qu’il n’était pas au courant de personnes décédées ou torturées, tout en précisant qu’il avait remarqué que des gens de son groupe disparaissaient quotidiennement. M. Sophon a affirmé que Yey Chaem, qui avait fait arrêter Ta Val, l’ancien chef du barrage de Trapeang Thma, était encore plus cruelle que ce dernier. Sen Sophon a dit à la Chambre que les faits survenus à l’époque du Kampuchéa démocratique ainsi que l’expérience qu’il avait subie étaient toujours présents dans son esprit et qu’il ne pouvait pas les oublier.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 27 juillet 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 28 juillet 2015
M. TOIT Thoeurn [Corrected 2] Transcription - Dossier n° 002/01 – 6 Juillet 2015
M. Sâm Sithy

Le témoin, SAM Sithy, a fourni un récit de première main extrêmement crédible et détaillé de l'exécution de son père, un ancien soldat de Lon Nol, et du massacre de plusieurs familles, dont la sienne.

[Corrected 1] Transcription - Dossier n° 002/01 – 3 juillet 2015
SAO Van alias (SAO Pok alias SAO Po) [Corrige 1] Transcription - Dossier n° 002/01 – 2 Juillet 2015
Mme Kong Uth

 

Mme Kong Uth, qui a 63 ou 64 ans, a appartenu à une unité mobile de son village de 1975 à 1979, et, en cette qualité, elle a été amenée à se rendre sur un grand nombre de sites de travail. Elle a travaillé sur le site de travail du barrage du 1er Janvier qui, a-t-elle confirmé, était qualifié de « champ de bataille chaud », du fait de l’intensité du travail et des longues journées de travail (qui débutaient à 4 heures du matin). La plupart des travailleurs avaient entre 23 et 25 ans, en particulier les femmes célibataires qui, pensait-on, étaient plus fortes que les autres pour travailler. Il y avait des dizaines de milliers de travailleurs mais pas d’enfants. Lors de réunions de critique, on disait aux travailleurs de travailler plus dur. Elle a déclaré qu’elle souffrait encore aujourd’hui du travail très dur et pénible effectué à l’époque. Elle a déclaré qu’elle n’avait jamais volé de la nourriture bien qu’elle n’eût pas assez à manger mais qu’il lui était arrivé de boire de l’eau sale lorsqu’elle avait soif même si elle tombait malade après. Les gens étaient fréquemment malades et les accidents dus aux éboulements de la roche qui tombait sur les travailleurs étaient nombreux. Pour soulager la peine, ils avaient recours aux massages traditionnels, en particulier à l’aide d’une pièce dure. Elle a relaté que des milices armées et des gardes surveillaient les travailleurs. Aucun membre de sa famille n’a été tué sous le régime mais elle a été forcée à consentir à un mariage arrangé

Transcription - Dossier n° 002/02 – 25 June 2015
M. Him Hân

 

M. Him Hân, 66 ans, appartenait à la 310ème division où il était chargé de trier les biographies des cadres de l’Armée révolutionnaire du Kampuchéa en les classant selon qu’elles étaient « bonnes » ou « mauvaises ». En janvier 1976, alors qu’il était devenu un membre candidat, il a perdu tous ses droits après avoir été accusé d’être lié à l’ennemi et il a été envoyé travailler à Kampong Chhnang en tant que travailleur ordinaire. Il a qualifié les conditions d’épuisantes et de mauvaises. Avant qu’il ne fût procédé aux purges au sein de la 310ème division, le témoin avait été convoqué à un rassemblement au stade olympique où, a-t-il déclaré, il a vu les hauts dirigeants khmers rouges, en ce compris Ieng Sary, Khieu Samphan, Pol Pot et Nuon Chea. Il a rapporté que les gens avaient commencé à disparaître à la suite des purges menées au sein de la 310ème division, en expliquant que c’était aussi une menace qui planait sur eux lorsqu’ils travaillaient à Kampong Chhnang. Il a déclaré que le commandant de la 310ème division, Oeun, et les commandants adjoints avaient été arrêtés par des cadres de la zone Sud-Ouest, et qu’il avait découvert que Oeun avait été envoyé ailleurs après une réunion à Wat Phnom. Le témoin a déclaré avoir été envoyé à Kampong Chhnang, où il a été démobilisé. Il a décrit les mauvaises conditions de travail et l’insuffisance des rations alimentaires et affirmé que le travail était très dur et la charge de travail épuisante. Les travailleurs n’étaient pas autorisés à se déplacer librement ni à rendre visite à d’autres unités, et il avait reçu ordre de ne pas parler aux gens de la zone Est avec qui il travaillait, sinon elles disparaîtraient. Dans son unité, les gens cachaient qu’ils étaient malades pour ne pas passer pour paresseux ; il a rapporté que des personnes étaient mortes ou avaient été blessées suite à l’explosion de roches. Il a confirmé qu’il y avait beaucoup de travailleuses et de techniciens chinois sur le site.

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 23 juin 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 24 June 2015
Mme CHUM Samoeurn

 

Mme Chum Samoeurn, qui a 54 ou 55 ans, a commencé sa déposition devant la Chambre de première instance en s’expliquant sur sa décision de s’engager aux côtés des Khmers rouges : elle a fait ce choix par qu’elle voulait que Sihanouk recouvre la liberté. Elle a été interrogée sur sa ville natale et sa famille. Elle a indiqué que tous ses frères s’étaient engagés dans la révolution. La partie civile avait des liens avec l’ancien régime, son père lui ayant été affilié. Au milieu de l’année 1976, elle a été envoyée travailler sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang, avec son unité. Ils travaillaient le matin, l’après-midi et le soir, transportant la terre et des roches. Elle a expliqué qu’il n’y avait pas de petit-déjeuner, pas de nourriture en plus, pas de moustiquaire ni de natte et qu’ils devaient boire l’eau du ruisseau qu’ils utilisaient pour se laver. Elle a déclaré qu’ils n’étaient pas autorisés à se déplacer librement et qu’ils devaient travailler sous la pluie sans protection adéquate. Elle a expliqué que, du fait du peu d’hygiène, elle avait eu une infection à la main mais qu’elle avait continué à travailler malgré sa blessure, aucun travailleur n’osant refuser d’aller travailler. En 1978, elle a été forcée à se marier au cours d’une cérémonie ayant rassemblé trois couples. Elle avait d’abord refusé mais on l’a menacée de la tuer.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 24 June 2015
Mme KONG Siek

 

Mme Kong Siek, 63 ans, a expliqué qu’elle avait intégré l’armée en rejoignant la 450ème division et qu’elle était en poste à l’hôpital Russei Keo avant d’être envoyée travailler dans les rizières. En 1977, elle a commencé à travailler sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang, où elle devait creuser des canaux, transporter des sacs de ciment (qui pesait chacun quelque 50 kg) et confectionner des vêtements. Elle a qualifié les conditions de travail d’extrêmement difficiles et exposé dans le détail les mauvaises conditions d’hygiène. Elle a déclaré qu’aucun des travailleurs n’avait l’air d’être en bonne santé et que son groupe tenait des réunions d’autocritique, où tout le monde était critiqué et où personne n’osait répondre. Elle a relaté avoir vu des camions qui transportaient des gens et deux personnes être électrocutées à proximité d’un manguier. Elle a confirmé que les travailleurs n’étaient pas autorisés à se déplacer librement ni à discuter les uns avec les autres, et elle a insisté sur le fait que sous le régime, elle ne choisissait pas ce qu’elle voulait faire mais faisait uniquement ce qu’on lui ordonnait de faire. Il a également précisé qu’on lui avait dit et répété que si une personne était punie, toutes celles qui étaient en dessous étaient également punies. Elle a expliqué qu’elle s’était engagée dans l’armée pour survivre et que son frère, qui en faisait déjà partie, l’avait encouragée à le faire.

[Version corrigée 3] Transcription - Dossier n° 002/02 – 17 Juin 2015
M. SEM Hoeurn

 

M. Sem Hoeurn n’avait que 15 ans au moment du coup d’État de Lon Nol, lorsqu’il s’est engagé aux côtés des Khmers rouges en pensant qu’il allait libérer son pays. Mais, il a alors perdu ses illusions sous ce régime et, considéré comme un ‘profane’ pour avoir « enfreint » la discipline, on l’a envoyé travailler. Il était à Wat Phnom après l’occupation de la ville, et il a vu des gens se faire torturer au cours de son entraînement militaire. Son unité avait été envoyée cultiver du riz. Là, il était supposé produire cinq tonnes de riz par hectare avec pour seuls outils une houe et ses mains. Il a déclaré qu’il n’aimait pas le régime, parce que celui-ci maltraitait les soldats et sa propre population et qu’il privait les gens de liberté. Il a qualifié ce régime de « prison sans murs », comme ils n’étaient pas autorisés à se déplacer. Il a expliqué que les gens étaient accusés d’être des espions de la CIA ou du KGB, et considérés comme des obstacles à la révolution. Il a décrit les mauvaises conditions de travail imposées et les exécutions commises, et il a déclaré avoir vu Khieu Samphan sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang. Bien qu’il fît partie du régime au moment de la prise de Phnom Penh, M. Sem Hoeurn fut envoyé travailler comme un citoyen ordinaire sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang, parce que considéré comme un ‘élément défaillant’. Invité à se justifier par rapport aux divergences relevées entre ses dépositions en qualité de témoin et ses déclarations recueillies auparavant par le DC-CAM, il a attribué ces différences au temps qui s’était écoulé entre ces deux périodes.

[Version corrigée 3] Transcription - Dossier n° 002/02 – 17 Juin 2015, [Corrected 1] Transcription - Dossier n° 002/02 – 22 June 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 23 juin 2015
M. Yean Lon

 

M. Lean Lon, 73 ans, a été envoyé travailler dans une unité mobile sur le site de travail du barrage du 1er Janvier par le chef du village. Il a décrit les conditions de vie et de travail sur le site. Le quota journalier qui leur était assigné était de quatre mètres cube de terre à creuser avec pour seul outil une houe. Selon les dires du témoin, il travaillait très dur, parfois jusqu’à 22 heures. Il a déclaré que la nourriture était insuffisante et qu’on ne leur donnait pas d’eau potable. Il a aussi relaté que les travailleurs devaient continuer à travailler même s’ils tombaient malades et qu’il n’y avait pas assez de médicaments sur le site pour les soigner. Le témoin a admis qu’après avoir travaillé sur le barrage, il avait appartenu à la milice d’un village mais il a nié avoir été le chef des bourreaux, comme l’avait affirmé un témoin qui l’avait précédé dans le prétoire.

Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 - 16 juin 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 - 17 juin 2015
M. Keo Loeur

 

KEO Loeur, 64 ans, a commencé sa déposition en répondant à des questions des co-procureurs. D’après le témoin, il aurait été blessé au combat à la fin de l’année 1974 et emmené à l’unité K4. KEO a déclaré qu’en 1977, il y a eu une purge au sein de la 310ème division, dirigée contre des ‘adjoints’ originaires de la zone Nord. Plus tard, après avoir été accusé d’être un ennemi, il a été envoyé sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang, le 15 janvier 1978, où il est resté jusqu’au 7 janvier 1979. Le témoin a raconté que les travailleurs n’étaient pas autorisés à se déplacer librement ; qu’ils n’étaient pas payés ; qu’ils n’avaient pas assez à manger (à peine un bol de riz) et qu’ils travaillaient tous les jours du mois. KEO a déclaré que les gens mouraient par suite des difficiles conditions de vie. Il n’avait pas vu le moindre garde mourir d’épuisement ou de faim. C’est uniquement s’ils étaient vraiment malades que les gens étaient autorisés à aller à l’unité médicale, où ils étaient soignés avec des médicaments traditionnels. Le témoin a aussi déclaré qu’il avait vu une trentaine de cas où des personnes avaient été torturées au motif qu’elles avaient été considérées comme des traîtres. Interrogé sur son arrivée sur le chantier de construction le 15 janvier 1978, KEO a déclaré qu’il avait assisté à plusieurs réunions où on leur avait dit de travailler dur, s’ils ne voulaient pas être arrêtés et torturés. D’après le témoin, les travailleurs étaient emmenés à ces réunions puis conduits ailleurs. Il a affirmé de ne pas connaître les noms des supérieurs qui présidaient ces réunions.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 12 June 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 15 June 2015, Transcription de l'audience sur le fond dans l'affaire 002/02 – 16 juin 2015
M. Keo Kin

 

M. Keo Kin, qui a 49 ou 50 ans, a appartenu au 502ème régiment de la 1ère division de l’armée khmère rouge, de 1972 à avril 1975. Il a dit qu’après son engagement dans la révolution khmère rouge en 1972, la discipline était devenue de plus en plus stricte. Le témoin appartenait à un groupe de messagers qui portait les messages de Kampong Chhnang à peu près une à deux fois par mois. Il a déclaré que, lorsque son chef avait appris, qu’avant le 17 avril 1975, son père avait appartenu au régime précédent, on ne lui (au témoin) avait plus fait confiance et il avait été envoyé sur le chantier de construction de l’aéroport de Kampong Chhnang. La construction de l’aéroport avait débuté à la fin de l’année 1975 avec un groupe de 10 personnes. En 1976, plusieurs nouvelles vagues de soldats étaient arrivées, le témoin évaluant à un millier environ le nombre de travailleurs présents sur le chantier à leur suite. Le témoin était chargé de construire des garages pour les véhicules et, lorsqu’il ne construisait pas de garage, de transporter les jeunes plants de riz et de faire pousser des légumes. Le témoin a déclaré que la construction de l’aéroport était tenue secrète et qu’il y avait des gardes pour surveiller le chantier, les civils ordinaires n’étant pas autorisés à y pénétrer. Lorsqu’on l’a interrogé sur les conditions de vie et de travail sur le site de construction, le témoin a déclaré que les travailleurs travaillaient jusque tard dans la nuit ; que l’eau était impropre à la consommation ; que les gens étaient obligés de se soulager dans la forêt toute proche ; qu’ils attrapaient la malaria, qu’il n’y avait pas de personnel médical sur le site ; qu’il n’y avait ni lit ni moustiquaire dans les dortoirs, que les corps des travailleurs enflaient et qu’ils avaient la diarrhée ; enfin, qu’il avait vu des travailleurs blessés par des éclats de pierres qui étaient tombées des camions qui passaient.

Transcription - Dossier n° 002/02 – 10 June 2015, Transcription - Dossier n° 002/02 – 11 June 2015

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