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HENG Lai Heang

Pseudonyme: 2-TCCP-251

Cas: Dossier n° 002/02

Catégorie: Partie civile

Rappel des faits et rôle
Heng Lai Heang a rejoint la révolution en 1971 à Kratie. 1 Dès 1972, elle a travaillé au niveau de la commune à Kratie 2 et en 1976 elle a épousé un employé de l’unité des travaux publics et des transports. 3 Après l’arrestation de son mari en 1978, elle a été accusée d’être liée à un traître et mis au travail sur le site de Samrang à Kratie. 4 Elle a témoigné en tant que partie civile devant la Chambre de première instance dans le dossier n°002/02 sur les mariages forcés organisés par le PCK et le fait qu’il ait ciblé et écrasé les Vietnamiens.
Pratique de mariages forcés
L’instruction de se marier était relayée du secteur vers le niveau inférieur. 5 Les mariages des cadres des communes et des districts étaient organisés au niveau des secteurs alors que ceux des villageois étaient arrangés au niveau des communes. 6 Par principe, les gens étaient appariés par groupes de 5 ou 15 couples par cérémonie de mariage. 7 À la différence des mariages des cadres, les membres du Peuple de base pouvaient refuser de se marier sans « problème grave ». 8 Les parents étaient consultés, 9 et parfois, des mariages étaient organisés à la suite d’une proposition d’un parent au chef local de marier son enfant. 10 Sur la base de son témoignage ainsi que d’autres, la Chambre de première instance a conclu que, si certaines personnes pouvaient être consultées sur leur mariage, la pratique générale voulait que les individus n’aient pas le choix de se marier ou pas. 11 En appel, la Chambre de la cour suprême a maintenu que la Chambre de première instance n’a pas commis d’erreur dans son évaluation du témoignage de Heng Lai Heang, qui a « évoqué de manière convaincante la répercussion des modalités selon lesquelles les mariages étaient arrangés sous le régime du Kampuchéa démocratique, et les mariages eux-mêmes » ; 12 et a fait explicitement référence à la politique de mariages forcés et le climat de force et de coercition. 13
Mariage forcé de Heng Lai Heang
Heng Lai Heang a été forcée à se marier à l’âge de 25 ans, 14 par le Comité de secteur. 15 Elle a accepté le mariage car elle avait peur et craignait pour sa sécurité après avoir refusé à plusieurs reprises. 16 Elle n’avait pas le droit de refuser même si son futur époux était aveugle ou handicapé. 17 Personne ne pouvait échapper au mariage lorsque le PCK ordonnait de se marier. 18 Sa cérémonie de mariage a été organisée par le comité communal, 19 en présence de cadres du district et de la commune. 20 Les parents du couple étaient présents même s’ils n’ont pas participé à la prise de décision sur le mariage. 21 Le mariage n’a pas eu lieu conformément à la tradition khmère. 22 Les couples ont marché face à la foule et se sont engagés à vivre ensemble. 23 S’appuyant sur son témoignage et d’autres preuves, la Chambre de première instance a conclu qu’en général, les cérémonies de mariage n’étaient pas organisées conformément à la tradition cambodgienne ; 24 et que les parents et la famille n’étaient généralement pas présents. 25 Après le mariage, Heng Lai Heang n’a pas été surveillée en raison de sa position dans la région. 26 Elle s’est tue, même si elle n’était pas satisfaite de son mariage et « ne s’entendait pas » avec son mari. 27 Les jeunes mariés qui « ne s’entendaient pas » (en ayant des relations sexuelles pour consommer le mariage) étaient surveillés par les gens « au sein de leur propre unité », et étaient convoqués afin d’être rééduqués et/ou réprimandés. 28 Elle a entendu que certaines personnes se suicidaient après avoir été réprimandées. 29 Les couples vivaient brièvement ensemble avant d’être séparés sur leurs sites de travail respectifs. 30 S'appuyant sur son témoignage et sur d'autres éléments de preuve, la Chambre de première instance a constaté que les couples étaient généralement surveillés pour s'assurer qu'ils avaient consommé leur mariage. 31 En appel, la Chambre de la Cour suprême a maintenu sa conclusion que les hommes et les femmes étaient soumis à environnement coercitif dans lequel le consentement n’existait pas. 32
Traitement des Vietnamiens
Elle a décrit deux événements qui concernaient le traitement du PCK à l’égard des Vietnamiens. En 1973, les Vietnamiens ont été renvoyés dans leur pays dans des camions  33 et après 1975 ou « peut-être début 1976 », lorsque les troupes vietnamiennes ont intensifié leurs attaques, le mécanisme pour les contrer a été mis en place pour les empêcher de collaborer avec le camp vietnamien. 34 La politique a été mise en place au niveau des secteurs et l’ordre a été donné d’identifier les Vietnamiens au niveau des districts, jusqu’au niveau des villages. 35 Les cadres des districts venaient éduquer les gens dans les communes sur la nécessité d’identifier et de cibler les Vietnamiens. 36 Les métisses vietnamiens restants ont été écrasés dans les centres de sécurité et au sein des villages. 37 Citant son témoignage et d’autres preuves, la Chambre de première instance a conclu que, dès 1975, l’échelon supérieur a ordonné l’identification des Vietnamiens ; que des listes et des biographies ont été préparées par les échelons inférieurs et communiquées aux niveaux supérieurs pour qu’ils agissent ; 38 et qu’une politique centralisée de mauvais traitements des Vietnamiens existait au KD. 39 Les gens qui étaient liés au réseau vietnamien ou entretenaient des relations avec les Vietnamiens étaient rassemblés et emmenés. 40 Si la mère était vietnamienne, ses enfants et ses petits-enfants étaient également arrêtés et écrasés. 41 Citant son témoignage, la Chambre de première instance a conclu que le PCK considérait l’ethnie vietnamienne comme matrilinéaire. 42 La Chambre de la Cour suprême a maintenu cette conclusion, considérant qu’il s’agissait d’une politique du PCK et qu’elle démontrait un ciblage intentionnel, 43 qui faisait partie intégrante de la condamnation de génocide. L’oncle de Heng Lai Heang a été tué en 1977 avec sa femme et ses enfants vietnamiens. 44 La Chambre de première instance a conclu que parce que les circonstances des décès des membres de sa famille n’étaient pas claires, il n’était pas démontré que ces personnes avaient été tuées à cause de leur ethnie vietnamienne. 45
Déclaration sur sa souffrance et disparition de son mari
Bien qu’elle n’aimât pas son mari, après avoir vécu ensemble et s’être mutuellement réconfortés, Heng Lai Heang a été choquée d’apprendre qu’il avait été arrêté. 46 Elle a perdu 37 membres de sa famille a été contrainte à épouser l’homme et à accepter la mission d’Angkar pour sa propre sécurité et sa survie. 47 Elle a déclaré : “Personnellement, j'ai souffert en permanence. Le mari que l'Angkar m'a attribué a été arrêté et a disparu. J'ai été accusée d'avoir des liens avec un traître. […] J'ai faire toutes sortes de travaux peu après mon accouchement. Je n'ai pas reçu assez à manger. J'étais constamment surveillée par l'Angkar […] Je n'ai pas pu assurer le confort de mon enfant bien-aimé. […] mon enfant est mort. […] J'espère que les juges me rendront justice. 48

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Témoignage

DateProcès-verbal d’audienceNuméro de transcription
19 septembre 2016E1/476E1/476.1

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