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HUN Chhunly

Pseudonyme: TCW-247

Cas: Dossier n° 002/01

Catégorie: Témoin

Rappel des faits et rôle
Hun Chhunly est devenu médecin généraliste en 1967 1 . Entre 1973 et 1975, il était médecin militaire sous Lon Nol 2 . Durant le régime khmer rouge, il était membre du personnel médical subordonné 3 jusqu’au 31 janvier 1977 4 , lorsqu’il est devenu agriculteur au sein d’une coopérative 5 .

 

Hun Chhunly a témoigné devant la Chambre de première instance dans le dossier n° 002/01 sur le premier mouvement de population (avril 1975), la direction et les politiques du PCK, la communication et les structures administratives. Son témoignage a été utilisé par la Chambre de la Cour suprême dans le dossier n° 002/01 et par la Chambre de première instance dans le dossier n° 002/02 sur ces questions.

Premier déplacement de population (avril 1975) :
Hun Chhunly a témoigné que le 17 avril 1975, il a entendu un message du général de Lon Nol, Mey Sichan, sur la radio de Phnom Penh déclarant que les soldats de Lon Nol s’étaient rendus aux Khmers rouges 6 . Les Khmers rouges ont libéré les prisonniers et leur ont fourni des motos afin de pouvoir célébrer 7 .

 

Le 19 avril 1975, les Khmers rouges ont annoncé l’évacuation des Vietnamiens (« Youns ») au Vietnam 8 et ont déclaré que les soldats de Lon Nol devaient se rassembler 9 . Le 23 avril 1975, un camion a emmené les soldats haut gradés, les fonctionnaires et les chefs des départements de Battambang (environ 200 personnes) 10 au prétexte qu’il seraient emmenés à Phnom Penh pour recevoir le Prince Sihanouk 11 .  Cependant, ils ont été exécutés au mont Thipakdei 12 . Les soldats de grade inférieur ont été transportés en camion à Pailin 13 et se sont vus ordonner de cultiver la terre près d’Ou Pong Moan 14 .

 

Le 21 avril 1975, les Khmers rouges ont demandé à 13 membres du personnel médical de grade de lieutenants majors de l’Hôpital 403 d’embarquer dans un véhicule sous le prétexte de rencontrer des médecins révolutionnaires. 15 Au lieu de cela, il sont été exécutés dans une rizière. 16 Le hasard a voulu qu’Hun Chhunly n’en fasse pas partie, parce qu’il était absent de l’hôpital ce jour-là. 17

 

Le 24 avril 1975, Mit Sou alias Khek Penn (directeur du secteur 4) 18 a expulsé le directeur de l’Hôpital 403 et l’a remplacé par le concierge, qui n’avait aucune éducation médicale 19 . Bon nombre de membres du personnel médical n’étaient pas d’accord avec cette décision et ont été envoyés travailler dans les rizières. 20 Mit Sou a également demandé aux gens de sacrifier leurs droits de propriété individuels 21 et a déclaré qu’au lieu d’être formés pendant sept ans, les médecins ne le seraient que durant sept jours avant de commencer à travailler 22 .

 

Le 25 avril 1975 23 , les soldats khmers rouges ont commencé à évacuer Battambang. Les témoins ont entendu des tirs et des annonces par hauts-parleurs, et les gens - y compris les personnes âgées et les patients des hôpitaux - ont été chassés de leurs foyers 24 . Trois jours plus tard, on leur a dit qu’ils partaient pour participer à la production de riz à la campagne 25 .

 

Dans le dossier n° 002/01, la Chambre de première instance s’est appuyée sur le témoignage du témoin pour conclure que le général Mey Sichan a fait une annonce sur le 17 avril 1975 et sur l’évacuation de Battambang 26 . La Chambre de la Cour suprême s’est appuyée sur ce témoignage du dossier n° 002/01 pour confirmer l’exécution d’officiers haut gradés en avril 1975 27 . Dans le dossier n° 002/02, la Chambre de première instance s’est appuyée sur son témoignage pour confirmer les évacuations de Battambang 28 et les exécutions de cadres militaires de haut rang en avril 1975 29 .

Dirigeants du PCK et structures administratives (y compris les hôpitaux)
Hun Chhunly connaissait Khieu Samphân comme le rédacteur en chef du journal « L’Observateur » 30 , mais il ne l’a jamais rencontré personnellement 31 . Hun Chhunly connaissait également la famille de Nuon Chea, mais il ne l’a pas rencontré personnellement 32 .

 

Aux réunions, les cadres khmers rouges ne se présentaient jamais sous leur nom ou leur grade 33 . Le secret était total. Les questions étaient traitées par des dirigeants de l’échelon supérieur 34 .

 

Les hôpitaux khmers rouges étaient gérés par le Camarade Hoeun (adjoint du comité du secteur 3 et membre de la famille de Ros Nhim) 35 . Ros Nhim, alias Kev, alias Muol Sambath, était le chef de zone 36 . Hun Chhunly avait reçu des directeurs et des directeurs adjoints des hôpitaux 37 l’ordre de soigner les soldats et non les civils 38 . L’hôpital civil était l’endroit où les espions pouvaient identifier les « ennemis de la révolution » 39 , une « antichambre de la mort » pour les Cambodgiens 40 . Les patients étaient traités comme des animaux 41 , souffraient d’un manque d’hygiène, recevaient deux repas par jour 42 et n’avaient pas suffisamment de médicaments 43 ; il n’y avait pas de services de pédiatrie ou néonatalogie 44 . Les Khmers rouges confisquaient les médicaments et les effets des patients décédés 45 . En revanche, à l’hôpital militaire khmer rouge, les patients recevaient les soins et l’alimentation qui convenaient 46 .

 

Un jour, une adolescente a été appelée à l’hôpital sous le prétexte « d’organiser » les médicaments 47 , mais elle a été anesthésiée, a subi une chirurgie expérimentale 48 , et a été brûlée vive 49 .

 

Le régime khmer rouge comptait cinq niveaux : le village, la commune, le district, le secteur et enfin la zone 50 . Il n’y avait pas de provinces 51 . Chaque comité de village était dirigé par un chef khmer rouge et deux adjoints, ils faisaient partie du « vieux peuple » (ou peuple de base) 52 . Le chef de village avait des espions, recrutés parmi des paysans très pauvres, capables de tuer sans hésiter 53 et qui espionnaient principalement le peuple nouveau 54 .

Les Politiques du PCK
L’échelon supérieur a ordonné l’exécution de l’ancien personnel médical militaire et civil - les collègues de Hun Chhunly 55 - ainsi que d’autres intellectuels 56 . Parmi le personnel de l’hôpital, composé de 125 membres à Battambang, seule une trentaine a survécu 57 . Des 14 médecins civils et militaires, seuls deux ont survécu : Hun Chhunly et Oun Sy 58 . Les gens ont arrêté de porter des lunettes pour ne pas avoir l’air d’intellectuels 59 et ils ne portaient que des vêtements bon marché 60

 

La liberté de culte n’existait pas. En 1976, tous les moines bouddhistes ont dû quitter leurs pagodes, 61 qui ont été transformées en prisons, en centres de détention et en entrepôts à munitions (entre autres) 62 . Les Khmers rouges ont détruit l’église de Battambang et ont tué son évêque, Samdech Tep Paul Im 63

 

À l’arrivée à Battambang en août 1975, le peuple nouveau évacué a reçu une parcelle de terre gratuite 64 . La moitié des 100 familles musulmanes y sont mortes de faim 65

 

Dans le dossier n° 002.02, la Chambre de première instance s’est appuyée sur le témoignage de Hun Chhunly pour établir qu’il n’y avait pas de liberté de culte sous le régime khmer rouge, que le moine en chef de la pagode Po Veal a été démis de ses fonctions et que les pagodes ont été transformées en prisons 66

Moyens de communication :
Il n’y avait pas d’annonces officielles. Les directives étaient émises oralement 67 et les informations étaient transmises par le bouche-à-oreille 68 . Hun Chhunly avait une radio secrète et, la nuit, il écoutait the Voice of America 69 , mais il n’entendait pas parler de ce qu’il se passait au Cambodge 70

 

Dans les dossiers n° 002/01 et 002/02, la Chambre de première instance a conclu que la population en général n’avait pas librement accès aux informations durant la période des Khmers rouges 71 , et que le fait d’écouter la radio représentait un risque personnel 72 .

Souffrance de Hun Chhunly
Personne n’osait s’opposer aux ordres des Khmers rouges ou poser des questions, de crainte d’être exécuté 73 . Il n’y avait pas de libre circulation sans permis 74

 

Il a écrit un ouvrage tiré de sa propre expérience, intitulé « La vie d’un médecin durant le régime khmer rouge ». 75 « L'expérience que j'ai vécue sous les Khmers rouges est gravée à jamais dans ma mémoire et je ne l'oublierai jamais. Je m'en… me souviens de tous les détails 76  ».

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Témoignage

DateProcès-verbal d’audienceNuméro de transcription
06/12/2012E1/149E1/149.1
07/12/2012E1/150E1/150.1
11/12/2022E1/151E1/151.1

Documents pertinents

Titre du document en khmerTitre du document en anglaisTitre du document en françaisNuméro de document DDocument numéro E3
សៀវភៅនិពន្ធដោយលោក HUN Chunly មានចំណងជើងថា «ជីវិតគ្រូពេទ្យម្នាក់ក្នុងរបបខ្មែរក្រហម»Book by HUN Chunly entitled “The Life of a Physician under the Khmer Rouge Regime”Ouvrage de Hun Chunty intitulé « La vie d’un médecin pendant le régime khmer rouge »D313/1.2.8E3/3351