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KAING Guek Eav, alias Duch

Pseudonyme: TCW-281

Cas: Dossier n° 002/01, Dossier n° 002/02

Catégorie: Témoin

Rappel des faits et rôle
Kaing Guek Eav, alias Duch, a été le directeur du centre de sécurité S-21 de la mi-mars 1976 au 7 janvier 1979, 1 où il supervisait les interrogatoires et les exécutions. 2 De 1971 à juin 1975, il a été à la tête du centre de sécurité M-13. 3 Duch était membre de longue date du Parti communiste du Kampuchéa (PCK) et secrétaire d’un régiment. 4 Le 26 juillet 2010, il a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité et de violations graves des Conventions de Genève par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens. 5 Duch a témoigné dans les dossiers n°002/01 et 002/02 sur les politiques, les structures, la communication et les centres de sécurité du PCK. 6 La Chambre de première instance a conclu qu’en général, Duch était un témoin crédible dont les preuves étaient corroborées par d’autres témoins. 7
Les Politiques du PCK
La politique du PCK consistant à écraser les ennemis en 1970 visait les espions, de la CIA et du KGB par exemple, et les Vietnamiens. 8 Dès 1975, il s’agissait également des anciens soldats et les officiers de Lon Nol, ainsi que des membres du Parti des zones nord et nord-ouest. 9 À M-13, Duch réceptionnait les personnes arrêtées sur les champs de bataille 10 dans le cadre de la politique du PCK de rééducation des « mauvais éléments ». 11 S’appuyant sur les preuves soumises par Duch, la Chambre de première instance a conclu que le PCK a mis en place une politique de rééducation et d’écrasement des ennemis. 12 Duch a témoigné que le PCK essayait « d’éliminer le bouddhisme » et y est parvenu en faisant construire des barrages aux moines et en les faisant de mêler aux masses populaires, 13 ce que la Chambre de première instance a concédé. 14
Structure du PCK
Le PCK a eu trois statuts, en 1960, 1971 et 1976. 15 Les premiers statuts expliquaient que l’expérience était une exigence d’adhésion, alors que les deux autres ne précisaient pas cet aspect. 16 Cependant, les différences étaient minimes. 17 Les statuts du PCK expliquaient les missions du Comité central, au sein duquel le Comité permanent était l’organe le plus puissant. 18 La Chambre de première instance a cité le témoignage de Duch pour conclure que les divers statuts étaient similaires, 19 et que les statuts du PCK revêtaient un niveau d’autorité opérationnelle supérieur au sein du Comité central. 20
Communications du PCK
Le PCK a utilisé plusieurs méthodes de communication, notamment le courrier, le téléphone et les magazines. 21 Pour faire rapport à Son Sen, Duch communiquait par lettre et par téléphone. 22 Le magazine « Étendard révolutionnaire » était la publication du PCK, distribuée chaque mois aux zones à l’attention des membres du Parti. 23 À S-21, Duch recevait et utilisait le magazine pour la formation du personnel. 24
Centre de sécurité M-13
Dès 1971, Duch a dirigé le bureau de sécurité M-13, 25 qui était subdivisé en M-13A et M-13B. 26 M-13A était supervisé par Duch, qui était responsable de l’interrogatoire et de l’exécution des espions présumés. 27 Cependant, tous ceux qui étaient envoyés à M-13 n’étaient pas des espions et certains étaient libérés. 28 M-13B était situé ailleurs, sous la supervision de quelqu’un d’autre, pour ceux qui avaient commis des infractions mineures. 29 Les superviseurs de Duch, Vorn Vet et Son Sen, 30 lui ont ordonné de « mettre la pression » sur certains détenus, qui étaient soumis à la torture. 31 Le modèle du centre de sécurité M-13 a été par la suite utilisé à S-21, où les interrogateurs de M-13 ont été transférés, ainsi que Duch. 32
Structure du centre de sécurité S-21
Le centre de sécurité S-21 a été créé par les statuts du PCK et a débuté ses activités au plus tôt en octobre 1975. 33 En avril 1976, il a été déplacé à Phnom Penh. 34 S-21 recevait des ordres et des instructions du bureau « 870 » et Duch ne faisait rapport des confessions qu’à ses superviseurs immédiats. 35 Le centre du parti et le personnel général prenaient les décisions concernant les arrestations. 36 Plus spécifiquement, c’est Son Sen et plus tard Nuon Chea qui avaient l’autorité de procéder aux arrestations, 37 ce que la Chambre de première instance a accepté. 38 Avant sa nomination au poste de directeur par Son Sen en 1979, 39 Duch était l’adjoint de Lorn, 40 avec pour mission de collecter des documents à utiliser comme sources afin d’approfondir les enquêtes. 41 Son Sen a été son supérieur direct jusqu’au 15 août 1977, 42 lorsque Duch a été convoqué à une réunion et a reçu l’instruction de faire rapport à Nuon Chea. 43 En tant que directeur, Duch s’occupait personnellement des détenus importants, interrogeait certains prisonniers personnellement et était le superviseur immédiat de l’adjoint Hor. 44 Il transmettait les instructions de Nuon Chea à son personnel, qui devait les mettre en œuvre. 45 Il organisait également des sessions de formation politique pour le personnel, 46 où les cadres étaient informés de la situation sur le champ de bataille et de la mise en œuvre des politiques du PCK. 47 La Chambre de première instance a conclu que Duch, et non Hor, avait l’autorité ultime et supervisait les opérations de S-21. 48
Authentification des preuves de S-21
Duch a authentifié les listes de prisonniers de S-21, ainsi que les coordonnées qu’elles contenaient, et la Chambre de première instance s’est appuyée sur ces pièces. 49 Il a fourni des preuves sur l’écriture, le format et les pratiques des cadres et du personnel de S-21 pour la consignation des données en temps normal. 50 Duch a également reconnu un prisonnier sur une liste qui lui a été soumise, se souvenant qu’il s’agissait d’un soldat. 51 La Chambre de première instance a conclu que les preuves démontrent des indices suffisants de fiabilité pour servir de base aux conclusions concernant les prisonniers, 52 en particulier la fiabilité des listes d’arrivées mensuelles, des listes d’exécutions et des informations biographiques des listes d’interrogatoire. 53 Duch a passé le plus clair de son temps en tant que directeur de S-21 à lire des confessions et à les annoter pour ses supérieurs. 54 Selon la Chambre de première instance, « même si les aveux proprement dits ont été obtenus sous la torture, la Chambre a estimé pouvoir se fonder sans danger sur ces annotations pour déterminer les méthodes adoptées afin d’obtenir lesdits aveux et la manière dont ceux-ci ont été utilisés, ainsi que pour identifier les personnes qui participaient aux interrogatoires et les personnes auxquelles les aveux étaient communiqués. » 55 Duch a également authentifié des carnets d’anciens membres du personnel de S-21, dont un qu’il a identifié comme celui de Pou Phally et dont il a confirmé qu’il donnait des instructions en ligne avec celles du carnet, ainsi qu’un autre appartenant au camarade Oeun. 56 La Chambre de première instance s’est appuyée sur le contenu de ces carnets concernant le contenu des sessions de formation et l’approche adoptée lors des interrogatoires et l’obtention de confessions. 57
Interrogatoires à S-21
La mission première de S-21 était de soutirer des aveux aux prisonniers et de les soumettre à l’échelon supérieur. 58 Les personnes arrêtées et emmenées à S-21 étaient considérées comme des « ennemis » et devaient être interrogées et « écrasées ». 59 Au départ, l’unité d’interrogation était composée de 33 interrogateurs. 60 Différents groupes d’interrogateurs étaient les unités  « froide », « chaude » et « de mastication », chacune représentant une méthode différente d’interrogation. 61 Duch utilisait d’abord la méthode « froide » pour extraire des informations sur le parcours des prisonniers en utilisant la pression psychologique et en laissant à penser que le bien-être de la famille des prisonniers était en jeu. 62 La méthode « chaude » impliquait la torture et était utilisée pour obtenir d’autres réponses. 63 La méthode de « mastication » était utilisée pour « mastiquer » les prisonniers pour en obtenir d’autres informations après les avoir torturés en profondeur. 64 À l’occasion, Duch ordonnait aux interrogateurs d’utiliser la torture lorsqu’un prisonnier n’avouait pas. 65 Les méthodes de torture utilisées consistaient à battre les prisonniers, à les électrocuter, à les étouffer avec des sacs en plastique et à couvrir leur bouche et leur nez avec une serviette en versant le l’eau froide d’une bouilloire. 66 Une fois des aveux obtenus, Duch avait pour ordre de Son Sen ou de Nuon Chea de faire sortir le prisonnier et de l’exécuter. 67 La Chambre de première instance a conclu que concernant la torture, Duch était crédible, car il était étroitement impliqué dans la supervision des interrogatoires. 68
Les prisonniers du S-21
Duch estime que le nombre de prisonniers pouvait dépasser 1000 par jour. 69 Il avait pour instruction de faire partir de grands groupes de prisonniers pour laisser la place aux grands groupes de prisonniers entrants. 70 Parfois, il suivait les entrées en tenant des listes de noms et passait en revue le registre quotidien. 71 À une occasion, environ 200 à 300 prisonniers ont été amenés de la zone est et Duch a dû, sur ordre de l’échelon supérieur, les envoyer être exécutés sans être interrogés. 72 Duch a également été informé par ses supérieurs de l’arrivée de prisonniers importants, 73 dont certains ont été arrêtés chez lui. 74 Tous les prisonniers vietnamiens étaient considérés comme des agents ou des espions. 75 Les civils vietnamiens étaient contraints à avouer être des espions 76 et Duch avait pour ordre de faire ce qu’il fallait pour faire avouer aux soldats « yuons » qu’ils avaient envahi le Kampuchéa. 77 Quatre prisonniers occidentaux ont été considérés comme des espions pour être entrés au Kampuchéa illégalement. Ils ont été interrogés et « écrasés » à S-21. 78 Les prisonniers étaient arrêtés avec leur famille et interrogés, même si la plupart des conjoints étaient exécutés sans interrogatoire. 79 Les enfants étaient « écrasés » car le Parti craignait qu’ils se vengent. 80 La Chambre de la Cour suprême s’est appuyée sur le témoignage de Duch concernant cette politique, entre autres preuves, pour conclure que Khieu Samphân était au courant des crimes commis à S-21 et était complice de ceux-ci. 81
Rôle de Nuon Chea à S-21
Duch a témoigné que Nuon Chea a été de plus ne plus impliqué à S-21 après le transfert de Son Sen à la frontière vietnamienne en août 1977. 82 Il faisait rapport à Nuon Chea tous les trois à cinq jours sur les confessions et la situation en général à S-21. 83 Nuon Chea a donné des ordres à Duch concernant les photographies prises des prisonniers et l’arrêt des enregistrements audio, 84 et lui a intimé d’enlever temporairement les noms de certaines personnes de leurs aveux. 85 Avant l’arrivée des forces vietnamiennes début janvier 1979, Nuon Chea a ordonné à Duch « d’écraser » les prisonniers restants. 86 Si Nuon Chea a nié avoir été impliqué dans les activités de S-21, la Chambre de première instance a néanmoins utilisé les preuves fournies par Duch pour conclure le contraire. 87

 

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Témoignage

DateProcès-verbal d’audienceNuméro de transcription
19/03/2012E1/50E1/50.1
20/03/2012E1/51E1/51.1
21/03/2012E1/52E1/52.1
26/03/2012E1/53E1/53.1
27/03/2012E1/54E1/54.1
28/03/2012E1/55E1/55.1
29/03/2012E1/56E1/56.1
02/04/2012E1/57E1/57.1
03/04/2012E1/58E1/58.1
04/04/2012E1/59E1/59.1
05/04/2012E1/60E1/60.1
09/04/2012E1/61E1/61.1
10/04/2012E1/62E1/62.1
07/06/2016E1/433E1/433.1
08/06/2016E1/434E1/434.1
09/06/2016E1/435E1/435.1
13/06/2016E1/436E1/436.1
14/06/2016E1/437E1/437.1
15/06/2016E1/438E1/438.1
16/06/2016E1/439E1/439.1
20/06/2016E1/440E1/440.1
21/06/2016E1/441E1/441.1
22/06/2016E1/442E1/442.1
23/06/2016E1/443E1/443.1
27/06/2016E1/444E1/444.1

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Aucun