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Mme OUK Neary

Pseudonyme: E2/89

Cas: Dossier n° 001

Catégorie: Partie civile

Contexte et rôle
Ouk Neary est la fille de la citoyenne française Martine Lefeuvre, qui a témoigné sur la disparition de son mari Ouk Ket et la lutte qu’elle a menée pour connaître la vérité sur sa mort, et de Ouk Ket, qui était ingénieur, diplomate et troisième secrétaire à l'ambassade du Cambodge au Sénégal. 1 Ouk Ket a été rappelé à Phnom Penh depuis le Sénégal par le ministère des Affaires étrangères du Cambodge en 1977. 2 Ouk Neary a souffert de l'absence de son père et a ensuite découvert qu'il avait été détenu pendant six mois, et finalement assassiné, au S-21. 3 Elle a témoigné dans le dossier n° 001 en tant que partie civile.
Recherche par Ouk Neary d’informations sur son père
Ouk Neary est née à Dakar, au Sénégal, en Afrique, lorsque son père y travaillait. 4 En 1977, son père a reçu une lettre du ministère cambodgien des Affaires étrangères demandant son retour pour participer à la reconstruction du pays. 5 Ouk Ket est retourné à Phnom Penh et sa famille est partie pour la France. 6 Ouk Neary a par conséquent grandi en France. 7 Bien qu’elle ait entendu parler d’un lieu où les gens étaient torturés au Cambodge, elle n’était qu’une enfant et ne comprenait pas complètement la situation. 8 En 1991, à l’âge de 16 ans, elle a décidé, avec sa mère et son frère – après avoir reçu une lettre écrite en khmer de sa grand-mère (la mère d’Ouk Ket), laquelle pensait que son fils vivait toujours en France – de prendre l’avion pour le Cambodge. Elle a ainsi poursuivi une sorte de « voyage généalogique » et en a appris davantage sur l’histoire de sa famille. 9 Au Cambodge, elle a découvert et visité le Musée du Génocide Tuol Sleng ; cette expérience l’a choquée. Elle a dit expressément que cela avait été « le choc de ma vie.» 10 Elle a décrit des images des bâtiments du S-21, des chaînes utilisées pour entraver les pieds des prisonniers, des moules sculptés de la tête de Pol Pot et des photographies montrant une violence excessive. 11 Elle a été particulièrement traumatisée par les photographies de corps sur des civières, de pieds amputés, de pansements inadéquats sur de grandes blessures, de crânes brisés et de détenus aux jambes encore entravées, allongés dans des flaques de sang, des feuilles jetées sur leur visage. Certains détenus étaient toujours vivants après avoir été torturés. 12 Elle avait l’impression d’être dans une dimension surréaliste, 13 dans un monde irréel. 14 Elle est ensuite allée aux archives du S-21 où elle a trouvé, dans le registre de décembre 1977, une inscription montrant que son père était entré au S-21 le 15juin 1977, et une autre inscription indiquant la date de la mort de son père, le 9 décembre 1977. 15 Après cette visite, quelque chose s’est produit dans sa vie, et elle a déclaré « ça a été ce jour qu’une graine de poison s’est posée en moi et je n’ai jamais cessé de chercher depuis ce jour à savoir ce qui s’était passé. » 16 Elle a continué à chercher des preuves supplémentaires concernant son père. 17 Elle a été invitée par Rithy Panh – un réalisateur de documentaires cambodgien – à l’avant-première du film documentaire « S-21 » en 2004, dans lequel elle a pris connaissance d’informations supplémentaires concernant les terribles tortures et les expériences médicales réalisées sur des patients sans anesthésie, la seule forme d’anesthésie disponible étant l’eau salée. 18 Elle a décrit une scène dans laquelle un jeune médecin mettait la main dans l’abdomen d’un patient vivant et coupait l’appendice, tandis que la victime hurlait de douleur. 19 Ouk Neary a passé toute sa vie à essayer de se rapprocher de la vérité concernant son père et le « centre de l’industrie du crime qui a pris place au S-21 ». 20 Comme elle l’a déclaré, elle a personnellement fait l’expérience d’une sorte de handicap invisible, une agonie psychique, une descente aux enfers quand elle a découvert tout cela. 21 La Chambre de première instance a trouvé son témoignage crédible. La Chambre de première instance a également constaté qu’Ouk Neary avait prouvé – en rapport avec son père Ouk Ket – l’existence d’une victime immédiate du S-21 et d'un lien de parenté étroit ou de liens particuliers d'affection ou de dépendance à l'égard de son père Ouk Ket. 22 Pour la Chambre de première instance, la mort de son père a causé un préjudice démontrable au sens de la Règle 23 2) du Règlement intérieur et ce préjudice était une conséquence directe des crimes pour lesquels KAING Guek Eav a été condamné. 23 En outre, les déclarations de sa mère, Martine Lefeuvre, ont été mentionnées dans le Jugement de première instance comme révélatrice des « conséquences dévastatrices, sur les familles [de ces détenus], des crimes dont l'Accusé a été reconnu coupable ». 24
Déclaration de préjudice
Ouk Neary a passé toute sa vie à essayer de se rapprocher de la vérité sur son père, vivant ainsi une sorte de handicap invisible, une agonie psychologique”. 25 Lorsqu'elle a découvert la perte de son père à S-21 et qu'elle a réalisé que ces modalités auraient pu être subies par son père, le traumatisme fut terrible : un voyage en enfer”.

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Témoignage

DateProcès-verbal d’audienceNuméro de transcription
lundi 17 août 2009E1/63E1/63.1

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ឧបសម្ព័ន្ធ៦៖ សំបុត្រកំណើតរបស់ អ៊ុក នារីBirth Certificate of OUK NearyExtrait de l’Acte de Ouk NearyN/AE2/85.6