PEAN Khean
Pseudonyme: TCW-504
Cas: Dossier n° 002/01
Catégorie: Témoin
Contexte, rôle et connaissance des dirigeants Khmers rouges
Le témoin, M. Pean Kham (’PEAN’) a rejoint la révolution Khmère rouge en 1966
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, alors qu’il avait environ 16 ans.
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La révolution visait à libérer la nation,
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en particulier les paysans,
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du capitalisme
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et de la classe oppressive.
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PEAN a été introduit dans la révolution
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par CHIMM Sam Aok alias « Pang »,
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le supérieur des messagers dans la zone nord-est.
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PEAN est devenu un messager
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du parti communiste du Kamuchéa (‘PCK’)
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dans le district d’Andoung Meas.
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PEAN livrait d'une base à l'autre des lettres insérées dans des tubes de bambou, dont le contenu lui était inconnu puisqu'il lui était interdit de les ouvrir.
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Il ignorait également qui étaient les destinataires, puisqu’il déposait les lettres à des endroits indiqués.
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PEAN savait seulement que la révolution était menée par l’Angkar,
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un terme utilisé pour désigner les dirigeants du « Kampuchéa révolutionnaire ».
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Avant 1975, PEAN avait appris que le seul dirigeant était Pol Pot.
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En 1975, il avait entendu dire que Nuon Chea, Khieu Samphân, Ieng Sary
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et Son Sen étaient des dirigeants de premier plan,
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déterminés à « combattre et à libérer Phnom Penh ».
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La politique du PCK et la « libération »
Lon Nol et ses soldats étaient considérés comme des ennemis de la révolution.
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Si PEAN était au courant des combats entre les forces khmères rouges et celles du régime de Lon Nol,
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il n'avait pas connaissance du plan d'évacuation.
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PEAN est arrivé à Phnom Penh le 17 avril 1975 en fin d'après-midi
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, après la prise de la ville par les forces khmères rouges.
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PEAN est resté à la « Maison française ».
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Plus tard, il a rencontré Koy Khuon, qui était arrivé plus tôt.
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PEAN a vu un grand nombre de personnes
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quitter la ville, la plupart à pied
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, semblant malheureux.
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Il a entendu des gens dire que la ville devait être « nettoyée » de l’ennemi, des soldats de Lon Nol
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et des agents de la CIA.
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Pean a supposé que « l'assaut final et la libération de Phnom Penh »
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étaient planifiés
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dans le district de Chamkar Leu.
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PEAN connaissait Koy Khuon,
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alias « Duch »,
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secrétaire de la zone 304
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et responsable du ministère du Commerce au moment de son arrestation,
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fin 1975 ou début 1976.
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Depuis 1967
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, PEAN vivait et travaillait pour lui et sa famille, aidant à l'entretien ménager.
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Koy Khuon a été arrêté dans un endroit ressemblant à un hôtel, à 300 mètres au sud du K-1
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- un complexe où se trouvait la maison de Pol Pot
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et où Pang a également séjourné.
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PEAN apportait de la nourriture à Koy Khuon et repartait immédiatement, sur les instructions de Pang.
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Trois jours après son arrivée à Phnom Penh, PEAN est transféré à Chraing Chamres
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où il apprend que Koy Khuon a été arrêté
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sur ordre de l'Angkar. Il n’a jamais été revu.
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Selon les émissions radiodiffusées de l'Angkar, Koy Khuon était un traître affilié à la CIA.
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PEAN a appris par la rumeur que ses subordonnés avaient également été arrêtés,
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ce qui lui a inspiré de la crainte, car on ne savait pas où se trouvaient les personnes arrêtées.
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Après la « libération » de Phnom Penh, PEAN connaissait les Bureaux K-1 et K-3,
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où il a également travaillé.
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Il connaissait peu les bureaux K-7
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et K-71
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et n'avait pas entendu parler des Bureaux 100,
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102,
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K-5 ou B-5.
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Si PEAN savait que les hauts dirigeants, dont Pol Pot, Nuon Chea et Khieu Samphân, se réunissaient au K-3, leur bureau commun,
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il ne savait pas de quoi il était question ; il se contentait d'aider à la cuisine et à la livraison de nourriture
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et n'a jamais reçu de compte-rendu ou de briefing des réunions.
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Après avril 1975,
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Pang, qui assistait les principaux dirigeants,
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a pris en charge le Bureau 870.
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C’était le « bureau du Centre du PCK »,
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qui coordonnait les K-1, K-3 et K-7.
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Pang a également enseigné lors des séances de critique et d'autocritique
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au cours desquelles les performances des personnes dans leur travail quotidien étaient commentées.
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Pang a averti que la CIA, le KGB, les « Yuons » (terme péjoratif pour désigner les Vietnamiens) étaient des ennemis de la révolution.
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PEAN a appris que Pang avait été arrêté et avait disparu avant de quitter le K-1.
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Au cours de la période 1975-1979, PEAN n'a eu connaissance que des disparitions de Pang et de Koy Khuon,
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même si « tout le monde continuait à disparaître.»
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Avant le 17 avril 1975, PEAN n'avait jamais entendu parler de disparitions ni de personnes envoyées en « rééducation. »
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PEAN ne savait pas si Nuon Chea, Khieu Samphân ou Ieng Sary avaient dispensé une « éducation politique » au cours de la période 1975-1979,
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bien qu'il ait également reconnu que Nuon Chea et Khieu Samphân avaient dispensé une éducation politique de haut niveau à Borei Keila.
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L' « éducation politique » visait à reconstruire le pays,
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à le défendre contre les ingérences extérieures en empêchant une invasion par les Vietnamiens
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et en « empêch[ant] les impérialistes américains de revenir »
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, à établir des coopératives destinées à « rééduquer ou forger » les gens
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en effectuant le travail quotidien,
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à créer un régime collectiviste et à encourager les gens à construire des barrages et des canaux pour assurer la prospérité du pays.
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Trois mois avant la prise de Phnom Penh par les Vietnamiens, le 7 janvier 1979,
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PEAN est envoyé par Yom, chef du bureau de Preaek Pra,
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à la coopérative de Svay Meas.
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PEAN ne savait pas ce qu’il avait fait de mal.
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Il a été rééduqué en étant placé sous surveillance en raison de ses liens avec Koy Khuon.
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PEAN a déclaré que des personnes avaient été emmenées de Svay Meas vers des lieux inconnus, mais il n'a pas pu confirmer si elles avaient été tuées.
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Après 1975, les pagodes ont été enlevées et le PEAN a appris que les moines avaient été renvoyés à l’état laïque ou défroqués.
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PEAN a constaté une situation chaotique quand il a quitté Phnom Penh.
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