Rappel des faits et rôle
Prum Sarat était le Commandant dans la 2e compagnie, avant d’être commandant d’un navire sous le régime khmer rouge.
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En 1970, il a rejoint la révolution en tant que soldat au sein de la milice de Kampot.
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En 1974, il a rejoint la milice de la zone sud-ouest lors de la création de la division 3.
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En juin 1975 ou 1976, après que la division 3 est devenue la division 164 de la marine, Prum Sarat a été stationné à Ou Chheu Teal, dans la ville de Kampong Som, au sein de la 2e compagnie, bataillon 44, régiment 140
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Après avoir été promu au sein de la 2e compagnie, il a été chargé de superviser les navires,
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avant d’être nommé responsable de la formation technique d’un capitaine de frégate.
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Prum Sarat a comparu devant la Chambre de première instance dans le dossier n° 2, en tant que témoin, au sujet des méthodes de communication et du traitement des Vietnamiens durant la période du Kampuchéa Démocratique (KD).
Méthodes de communication
Les navires du régiment 140 de la division 164 recevaient leurs informations grâce à des lignes téléphoniques et des radios à ondes courtes.
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Les navires étaient informés de l’entrée de bateaux dans les eaux territoriales cambodgiennes par le centre de commandement du régiment.
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Prum Sarat a reçu un jour des informations indiquant que plusieurs bateaux de pêche thaïlandais empiétaient sur les eaux territoriales cambodgiennes
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et que les troupes ou bateaux vietnamiens qui y pénétraient seraient arrêtés.
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Il recevait également le magazine « Étendard révolutionnaire » une fois par mois et avait accès aux émissions radio diffusées tous les jours.
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En 1977, il a entendu Khieu Samphan prononcer un discours à la radio depuis une station située à Stung Meanchey
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. Dans cette annonce, il demandait aux soldats d’être prêts à lutter contre l’ennemi qui « envahissait notre territoire ».
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Toutes les divisions n’étaient pas directement sous l’autorité de l’état-major ; par exemple, la division 164 était sous le commandement de Meas Muth avant de passer sous celui de l’armée centrale en juin 1975.
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Les ordres émanaient de l’échelon supérieur avant de descendre au niveau des divisions, qui à leur tour les transmettaient aux soldats.
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Les informations provenaient de l’état-major avant d’être transmises aux divisions, et des divisions vers les niveaux inférieurs.
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Prum Sarat recevait des informations au niveau du régiment.
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Tous les ans, l’état-major invitait les compagnies et les niveaux supérieurs, comme les bataillons, les divisions et les régiments, à assister à des sessions d’étude annuelles à Phnom Penh.
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Prum Sarat a assisté à deux sessions avec Ta Mok en 1976 et en 1977.
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Son Sen a dispensé la première session en tant qu’instructeur, tandis que durant la seconde, il n’a prononcé que le discours d’ouverture sur la façon dont il fallait sauver la structure militaire.
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La Chambre de première instance a cité le témoignage de Prum Sarat dans ses conclusions selon lesquelles : i) certains dirigeants, certains bureaux et certaines unités du Centre du parti et du gouvernement du KD communiquaient par téléphone ;
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ii) après la chute de Phnom Penh en 1975, le Parti communiste du Kampuchéa (PCK) a créé une station radio à Stung Meanchey, celle-ci diffusait l’actualité, des messages de propagande, de la musique, des enregistrements de discours des hauts dirigeants du PCK et des enregistrements d’entretiens avec les dirigeants du PCK ;
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iii) les lignes de communication au sein de l’armée révolutionnaire du Kampuchéa correspondaient à la structure hiérarchique verticale de la partie civile du PCK ;
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iv) les soldats ont assisté à au moins une grande session d’éducation politique organisée par l’état-major et dispensée par Son Sen au niveau des divisions, des régiments, des bataillons, des compagnies et des pelotons ;
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et v) le secteur autonome n° 505, la zone nord-ouest, la zone sud-ouest, la zone ouest et la zone est disposaient de leurs propres forces régionales sous forme de divisions de zon et, la division 3 étant intégrée à la division centrale 164.
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Traitement des Vietnamiens
Prum Sarat a reçu des informations par le biais de sa division, selon lesquelles l’échelon supérieur a dû renvoyer des Vietnamiens au Vietnam, sans indiquer clairement leur nombre exact ou la date de leur retour.
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En 1973, puis à nouveau en 1975 ou en 1976, des déportations de Vietnamiens ont été « organisées au nom du gouvernement du Kampuchéa démocratique ».
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[Traduction non officielle]. Lors de son témoignage, Prum Sarat a déclaré que l’un des concepts phares du discours de Pol Pot, « 1 contre 30 », publié dans le magazine « Étendard révolutionnaire », était qu’un soldat cambodgien devait écraser 30 soldats vietnamiens.
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Il a décrit le discours comme étant une « feuille de route » et l’a compris comme une comparaison des forces militaires pour encourager les soldats à trouver des stratégies pour écraser les ennemis
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et stimuler l’esprit de combat.
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Il était également convaincu que la partie inférieure du Cambodge avait été conquise par les Yuons qui avaient pour projet d’engloutir l’ensemble du pays.
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Selon Prum Sarat, les Vietnamiens ont tendu une embuscade à des soldats sur les îles de Poulo Wai avant de les capturer et de leur interdire de revenir sur les îles de Kaoh Thmei et de Kaoh Seh.
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Il a également affirmé qu’il n’y a pas eu de combats sur l’île de Kaoh Tral (île de Phu Quoc).
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La Chambre de première instance a cité le témoignage de Prum Sarat dans ses conclusions selon lesquelles : i) il existait sous le régime du KD une politique centralement conçue de mesures hostiles à l’encontre des Vietnamiens ; ii) le slogan de Pol Pot « 1 contre 30 » visait directement la population d’origine vietnamienne dans son ensemble
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; iii) un nombre important de Vietnamiens ont été déportés jusqu’à la frontière vietnamienne et certains d’entre eux ont été forcés à traverser la frontière
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; et iv) le mot « Yuon », utilisé depuis longtemps au Cambodge et qui fait référence aux Vietnamiens, était utilisé de façon péjorative dans le cadre d’une rhétorique agressive et associé aux combattants comme aux civils.
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La Chambre de première instance a estimé que l’affirmation de Prum Sarat selon laquelle il n’y avait pas de combat à Phu Quoc ne relevait que de rumeurs, faisant preuve d’une certaine prudence quant à cette partie de son témoignage.
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Elle est toutefois convaincue que les affrontements armés ont débuté autour des îles dans les eaux territoriales du Cambodge et du Vietnam en mai 1975 au plus tôt, et que les troupes vietnamiennes occupaient les îles de Poulo Wai début 1975 au plus tard.
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En appel, Khieu Samphan a affirmé que la Chambre de première instance a déformé le témoignage concernant le conflit armé entre le KD et le Vietnam et qu’elle a commis une erreur lorsqu’elle s’est basée sur son analyse des relations politiques hostiles entre le PCK et le Vietnam comme preuve de l’existence d’une politique ciblant les Vietnamiens en général.
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Faisant remarquer que le discours « 1 contre 30 » de Pol Pot avait été examiné à la lumière du témoignage de Prum Sarat lors du procès, mais en se basant également sur d’autres documents de preuve contemporains,
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la Chambre de la Cour suprême a conclu que la quantité d’éléments de preuve sur lesquels la Chambre de première instance s’est appuyée est suffisante pour établir l’existence « d’une politique centralement conçue de mesures hostiles à l’encontre des Vietnamiens ».
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Date | Procès-verbal d’audience | Numéro de transcription |
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25 janvier 2016 | E1/381 | E1/381.1 |
26 janvier 2016 | E1/382 | E1/382.1 |
27 janvier 2016 | E1/383 | E1/383.1 |
Titre du document en khmer | Titre du document en anglais | Titre du document en français | Numéro de document D | Document numéro E3 |
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កំណត់ហេតុនៃការស្តាប់ចម្លើយសាក្សី ព្រំ សារ៉ាត | Written Record of Interview of Prum Sarat | Procès-verbal de l’audition de Prum Sarat | N/A | E3/9697 |
កំណត់ហេតុនៃការស្តាប់ចម្លើយសាក្សី ព្រំ សារ៉ាត | Written Record of Interview of PRUM Sarat | Procès-verbal de l’audition de PRUM Sarat | D234/18 | E3/4606 |
បទសម្ភាសន៍របស់ ព្រំ សារ៉ាត (ដោយមជ្ឈមណ្ឌលឯកសារកម្ពុជា) | Statement of PRUM Sarat (DC-Cam) | Déclaration de PRUM Sarat (DC-Cam) | N/A | E3/9113 |