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SENG Kuy

Pseudonyme: 2-TCW-832

Cas: Dossier n° 002/02

Catégorie: Témoin

Rappel des faits et rĂŽle
Seng Kuy Ă©tait un agriculteur khmer du village d’Angkor Ban 2, une commune d’Angkor Ban, dans le district de Kang Meas, province de Kampong Cham, d’avril 1975 Ă  janvier 1979. 1 Selon lui, « [a]prĂšs que les Khmers rouges ont pris le contrĂŽle de mon village, moi j'Ă©tais un esclave comme les autres. Et on m'a affectĂ© au labourage et Ă  la riziculture jusqu'Ă  la fin du rĂ©gime ». 2 Il a tĂ©moignĂ© devant la Chambre de premiĂšre instance dans le cadre du dossier n° 002/02 sur le traitement, les arrestations et les exĂ©cutions de Chams dans sa rĂ©gion pendant la pĂ©riode des Khmers rouges. 3
Traitement des Chams
Selon Seng Kuy, les Chams ont conservĂ© leur identitĂ© ethnique, culturelle et religieuse distincte pendant des siĂšcles depuis leur arrivĂ©e et leur installation au Cambodge. 4 Avant 1975, les Chams pratiquaient l’Islam et portaient des vĂȘtements traditionnels diffĂ©rents de ceux des autres Cambodgiens. 5 Les femmes portaient des foulards clairs (« kramas ») et de longues robes, tandis que les hommes portaient des chapeaux, des sarongs et des robes drapĂ©es. 6 Ils ne mangeaient pas de porc, contrairement au peuple khmer. 7 Seng Kuy a dĂ©clarĂ© que, lorsque les Khmers rouges ont pris le contrĂŽle de la commune d’Angkor Ban en avril 1975, 8 ils ont interdit aux Chams de pratiquer leur religion et de parler leur langue et leur ont imposĂ© un mode de vie khmer qui impliquait la consommation de viande de porc. 9 Il a Ă©galement rappelĂ© le transfert d’environ 15 Ă  16 Chams d’autres villages de la commune vers le village d’Angkor Ban 2 en 1976. 10 Il a pu les identifier comme Ă©tant des Chams car il les a entendus parler en secret la langue chame entre eux. 11
Arrestations et exécutions de Chams
Seng Kuy a racontĂ© avoir assistĂ© Ă  l’arrestation d’une quinzaine de femmes, d’hommes et d’enfants chams dans son village : 12 « Je l’ai vu de mes propres yeux. Aux alentours de 1977, un soir, vers 20 heures, les Cham et les Khmers sont revenus de la riziĂšre et nous avons pris notre repas ensemble dans le rĂ©fectoire commun. Ce soir-lĂ , les forces de sĂ©curitĂ© sont venues pour arrĂȘter les Cham. Ils n’ont pas arrĂȘtĂ© seulement une personne, ils ont arrĂȘtĂ© tous les Cham qui habitaient dans le village numĂ©ro 2. L’arrestation a eu lieu dans le rĂ©fectoire, lĂ  oĂč ils prenaient leur repas en commun avec les Khmers. Et moi j'Ă©tais lĂ , je prenais aussi mon repas dans le rĂ©fectoire commun ». 13 Seng Kuy a dĂ©clarĂ© qu’aprĂšs l’arrestation, le chef adjoint du village lui avait ordonnĂ© de transporter les Chams Ă  la pagode de Wat Au Trakuon, la nuit, Ă  l’aide de cinq ou six chars Ă  bƓufs. 14 Les Chams ont Ă©tĂ© reçus par une personne qui, d’aprĂšs lui, Ă©tait un agent de sĂ©curitĂ© du district. 15 Il ne les a pas vus revenir aprĂšs qu’ils ont Ă©tĂ© emmenĂ©s Ă  la pagode. 16 AprĂšs avoir entendu le chef de la sĂ©curitĂ© communale reprocher aux Cham d’avoir trahi l’Angkar, Seng Kuy a compris que c’était « pourquoi ils faisaient l’objet d’une purge ». 17 Il a dĂ©clarĂ© que les Khmers rouges voulaient constituer une seule race pure. 18 Seng Kuy a dĂ©clarĂ© que les personnes arrĂȘtĂ©es n’avaient rien fait de mal et Ă©taient innocentes. 19 Run, qui occupait un poste au sein des forces de sĂ©curitĂ© de la commune, Ă©tait responsable des arrestations. 20 Les gens l’appelaient le boucher ou le bourreau parce qu’il tuait les gens sans les interroger. 21 AprĂšs la chute du rĂ©gime des Khmers rouges en 1979, Run a Ă©tĂ© « dĂ©coupĂ© en morceaux par les gens » de la commune d’Angkor Ban qui lui en voulaient parce que « c’était lui qui avait arrĂȘtĂ© des proches et membres de leurs familles ». 22 Seng Kuy a dĂ©clarĂ© qu’aprĂšs la chute du rĂ©gime khmer rouge, il avait participĂ© Ă  une rĂ©union au cours de laquelle le nombre de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es Ă  Wat Au Trakuon pendant le rĂ©gime avait Ă©tĂ© estimĂ© Ă  30 000. 23 La Chambre de premiĂšre instance s’est appuyĂ©e sur le tĂ©moignage de Seng Kuy, entre autres Ă©lĂ©ments de preuve, pour conclure que : i) le Parti communiste du KampuchĂ©a a imposĂ© par la force des restrictions aux pratiques religieuses et culturelles des Chams en divers endroits de la province de Kampong Cham ; 24 ii) la plupart des Chams ne se sont pas opposĂ©s Ă  ces restrictions de peur d’ĂȘtre emmenĂ©s pour ĂȘtre tuĂ©s ; 25 et iii) les Chams de diffĂ©rents villages du district de Kang Meas ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement arrĂȘtĂ©s et amenĂ©s Ă  Wat Au Trakuon en 1977 pour y ĂȘtre exĂ©cutĂ©s. 26

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Témoignage

DateProcĂšs-verbal d’audienceNumĂ©ro de transcription
9 septembre 2015E1/344E1/344.1
10 septembre 2015E1/345E1/345.1

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Titre du document en khmerTitre du document en anglaisTitre du document en françaisNuméro de document DDocument numéro E3
កិច្ចសម្ភាសន៍សាក្សឞ សេង ឃុយInterview of Witness SENG Khuy/SENG Kuy Audition du tĂ©moin SENG Khuy/SENG Kuy D196.6E3/5301
កំណត់ហេតុនៃការស្តាប់ចម្លសយ សាក្សឞ សេង ឃុយWritten Record of Interview of witness SENG KhuyProcĂšs-verbal de l’audition du tĂ©moin SENG KhuyE127/5.1.9E3/8751