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SEN Srun

Pseudonyme: 2-TCW-880

Cas: Dossier n° 002/02

Catégorie: Témoin

Rappel des faits et rôle
Ancien soldat et grimpeur de palmiers, Sen Srun vivait près de Wat Au Trakuon. 1 Né en 1949 dans le village de Sambuor Meas Ka, dans la province de Kampong Cham, 2 il a rejoint le mouvement révolutionnaire en 1971. 3 Lorsque son unité a été dissoute début 1976, il a été envoyé à Sambuor Meas Ka pour travailler au sein d’une unité mobile dans plusieurs plantations et sur divers sites de travail. 4 Sen Srun a témoigné devant la Chambre de première instance dans le dossier n° 002/02 au sujet de l’arrestation des cadres de la zone nord en 1976 et 1977, de leur remplacement par des cadres de la zone sud-ouest, des meurtres à Wat Au Trakuon et de l’unité spéciale de milice appelée « l’Unité aux longues épées ».
Retour à Sambuor Meas Ka
En 1976, Sen Srun a été affecté à une unité mobile à Sambuor Meas Ka, 5 où vivaient environ 20 familles chams déplacées depuis un autre village, Sach Sou. 6 Sen Srun a expliqué qu’avant la période khmère rouge, la plupart des Chams vivaient le long du Mékong et pratiquaient la pêche. 7 En 1976, les familles chames ont été déplacées du village de Sach Sou et réparties dans différentes régions, pour vivre parmi les Khmers. 8 Il était interdit aux Chams de pratiquer leur religion, de parler la langue chame ou de porter les vêtements chams traditionnels. 9 Leurs mosquées ont été transformées en abris. 10 À environ 200 mètres de la maison de Sen Srun se trouvait une pagode, Wat Au Trakuon. 11 Après le retour de Sen Srun en 1976, les moines ont été défroqués et la pagode a été transformée en centre de sécurité pour détenir des personnes. 12 Parmi les personnes arrêtées se trouvaient des fonctionnaires de l’ancien régime de Lon Nol, le Peuple nouveau ou le Peuple du 17 avril, ainsi que des Chams, des Vietnamiens et des Chinois. 13
Centre de sécurité de Wat Au Trakuon
Pendant la période des Khmers rouges, une clôture en barbelés a été installée autour de l’enceinte de la pagode. 14 Avant 1977, les villageois pouvaient voir les détenus à travers la clôture, 15 mais après 1977, ils n’étaient pas autorisés à franchir la porte de la pagode. 16 Sen Srun a déclaré que de la musique forte était parfois diffusée de 19 à 22 heures à Wat Au Trakuon. 17 Son ami Moeun, qui était garde de sécurité à Wat Au Trakuon, lui a raconté qu’à chaque fois que l’on entendait de la musique la nuit, des détenus étaient exécutés : 18 la musique était diffusée pour masquer leurs cris et leurs pleurs. 19 Sen Srun n’a pas assisté aux tueries 20 mais il assistait au transport quotidien de détenus vers la pagode et il ne les voyait pas ressortir. 21
Arrestation des cadres du nord
Les cadres de la zone nord ont été arrêtés en 1976-1977 et remplacés par des cadres de la zone sud-ouest. 22 Khun, le chef du centre de sécurité, a été envoyé vers le centre de sécurité du district puis arrêté. 23 Des chefs de communes et de milices ont également été arrêtés et tués. 24 Après l’arrivée des cadres de la zone sud-ouest, le camarade An est devenu le chef de secteur. 25 An a convoqué une réunion et a accusé les cadres de la zone nord-ouest d’être des traîtres. 26 Il a également déclaré que si un chef ne donnait pas assez à manger, les gens devaient venir se plaindre auprès de lui. 27 Après la réunion, trois personnes sont venues se plaindre à An des chefs d’unité qui leur avaient interdit de consommer des légumes cultivés chez eux. 28 Les chefs d’unité ont alors été arrêtés et conduits à Wat Au Trakuon. 29
L’Unité aux longues épées et le massacre des Chams
L’Unité aux longues épées a été formée à la fin de l’année 1976 ou au début de l’année 1977, après l’arrivée des cadres de la zone sud-ouest. 30 Cette milice avait été créée pour procéder à l’arrestation de grands groupes de personnes et pour amener les personnes arrêtées aux gardes de sécurité du district à Wat Au Trakuon. 31 Ils portaient de longues épées. 32 Le beau-frère de Sen Srun, Lav Khchay, était l’un des chefs de l’Unité aux longues épées. 33 Les autres membres étaient Tay Koemhun, Meng Ly, Heng Pa et Yoeun. 34 Une fois, Sen Srun a été chargé d’accompagner le groupe des longues épées lors de l’arrestation de Chams. 35 Il était chargé de surveiller les détenus, amenés progressivement des sites de travail voisins vers la zone où Sen Srun était chargé de monter la garde. 36 Sen Srun n’était pas armé. 37 Les détenus auraient pu décider de s’enfuir et y parvenir, mais aucun des Cham n’a tenté de le faire. 38 Tous les Chams (ils étaient entre 400 et 500) de la commune de Peam Chi Kang ont été arrêtés, y compris les femmes et les enfants. 39 Sen Srun a été choqué par les arrestations, 40 parce qu’elles étaient soudaines et que les gens ne se rendaient pas compte qu’ils étaient arrêtés. 41 Les membres du groupe des longues épées ont prévenu Sen Srun qu’en cas de fuite d’un Cham, sa propre vie serait en danger. 42 Les détenus ont été regroupés sur la route près de Wat Au Takuon. 43 Ils ont été alignés puis ont reçu l’ordre de marcher jusqu’à la pagode. 44 Sen Srun a reçu l’ordre de marcher derrière les détenus. 45 À la porte de la pagode, les hommes étaient frappés avec une barre métallique pour empêcher toute résistance. 46 Les enfants étaient poussés dans les escaliers du temple, trébuchaient et tombaient. 47 À l’intérieur du temple, les détenus avaient des chaînes aux chevilles qui étaient reliées à une longue barre en rangées de 30 à 40 personnes. 48 Une fois les détenus amenés au temple, Sen Srun a été autorisé à rentrer chez lui. 49 Il a entendu de la musique forte dans la soirée et a imaginé que ces Chams avaient été tués. 50 Généralement, la musique s’arrêtait vers 21 ou 22 heures, mais ce soir-là, elle a continué après minuit. 51 Dans la matinée, Sen Srun a rencontré Moeun qui lui a dit que « tous avaient été tués et que le massacre avait duré jusqu’à minuit ». 52 Sen Srun a interrogé Moeun au sujet des enfants qui lui a répondu que « certains bébés ou certains enfants ont été frappés contre des troncs d’arbres, que l’on avait écartelé certains, et qu’ils avaient été jetés dans des fosses ». 53 Trois personnes ont survécu à l’exécution à Wat Au Takuon. 54 L’une d’entre elles s’est enfuie vers la zone est avant d’être arrêtée. Deux autres se sont cachées dans le lac et ont survécu. 55 La Chambre de première instance a pris en compte le témoignage de Sen Srun dans ses conclusions sur l’Unité aux longues épées, 56 sur les ordres visant les Cham 57 et les exécutions de Cham. 58 La Chambre de première instance a jugé crédible le témoignage de Sen Srun sur l’appartenance de Tay Koemhun à l’Unité aux longues épées et s’est appuyée sur lui, malgré le témoignage contradictoire de Tay Koemhun et le déni de son appartenance au groupe. 59
Autorisation des mariages
Sen Srun a été marié lors d’une cérémonie qui comptait 28 autres couples. 60 Sur 28 couples, seuls deux ou trois ont consenti au mariage. 61 La Chambre de première instance a tenu compte du témoignage de Sen Srun dans ses conclusions sur l’autorisation des mariages. 62

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Témoignage

DateProcès-verbal d’audienceNuméro de transcription
14 septembre 2015E1/346E1/346.1
15 septembre 2015E1/347E1/347.1

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